
La thérapie narrative a été développée par deux psychologues australiens, Michael White et son collègue et ami David Epston. L’histoire retient avant tout Michael White comme le fondateur de la thérapie narrative.
L’approche narrative de Michael White et David Epston, considère que l’identité de l’individu est construite par ses relations et les histoires racontées à son propos. Elle propose une déconstruction des relations de pouvoir dans lesquelles l’individu se sent isolé et enfermé face à son problème, puis la reconstruction d’histoires alternatives dans lesquelles les individus retrouvent une relation avec leurs rêves et leurs aspirations.
Un des grands points forts de l’approche narrative est de savoir guider l’individu dans la recherche et la reconnection avec ses ressources cachées, celles qui n’ont pas été prises en compte au regard de leur histoire « dominante ».
La vie doit donc être considérée avant tout du point de vue de celui qui en fait le récit. Les « réalités » sont construites socialement à partir des modes habituels d’interaction, d’alimentation, de logement, de transport, d’éducation. Au fil du temps les individus finissent par oublier que ce qu’ils perçoivent de leur « réalité » n’est que le fruit des constructions mentales de leur communauté. Ces constructions deviennent des histoires qui véhiculent des normes et des dogmes (valeurs et croyances, coutumes, institutions, règles et lois) et qui exercent un pouvoir ou contrôle socio-culturel invisible.
L’identité d’une personne n’est pas le résultat d’un compte-rendu descriptif des événements qui ont marqué sa vie. L’identité se construit plutôt à partir des histoires racontées à son propos, donc à partir des relations avec les autres. Ce sont les récits à propos de leurs expériences et validés par les autres qui donnent forme à l’identité. Une personne qui est perçue comme agressive, anxieuse, timide…etc, peut se conformer à une histoire qui l’enferme dans ses identités. La compréhension de l’influence restrictive de ces histoires dites dominantes car elles limitent les choix de l’individu, permet d’en modifier certains aspects et d’en construire de nouvelles plus aidantes.
Le client est invité à considérer son problème/symptôme comme extérieur à lui, donc de s’en dissocier. Les questions de l’intervenant ne portent donc pas sur la personne mais sur le problème (non pas la personne anxieuse, mais l’anxiété). La personne n’est pas le problème. L’extériorisation du problème permet de dissocier l’identité de la personne de l’histoire qui véhicule le problème, de responsabiliser le sujet sur ses propres solutions, et de percevoir des solutions alternatives non encore sollicitées.
La démarche narrative intègre les approches collaboratives qui considèrent que “le client est celui qui sait”. Les personnes qui ont une demande de changement sont considérées comme les auteurs et experts de leur propre vie. Ayant écrit leur propre histoire, ils sont capables d’en écrire d’autres, porteuses de solutions, de compétences et ressources à mettre en œuvre pour résoudre le problème des histoires précédentes.
La collaboration entre praticien et client va s’engager comme une conversation bienveillante, respectueuse, ni culpabilisante, ni normalisante ou pathologisante, et qui place la personne au centre de la relation. Si le client est au centre, le praticien est décentré, se situant dans une attitude de non-savoir, de curiosité et de perplexité. Le praticien des approches narratives travaille dans le cadre de référence du client sans essayer de le modifier.
Le développement d’un individu dépend des conditions de l’apprentissage. Ce dernier est favorisé par un sentiment de protection, qui lui-même permet l’accès à une conscience des émotions subtiles, des intentions, des valeurs et des principes de vie.
La thérapie narrative de Michael White et David Epston a été appliquée, à ses débuts, au champ de la thérapie familiale pour s’étendre par la suite au traitement des traumatismes, des désordres alimentaires (anorexie/boulimie), de la schizophrénie, des dépendances, du deuil, de la violence conjugale. Michael White est également connu pour son travail auprès de diverses communautés (aborigènes de la Nouvelle Galles du Sud, rescapés du Rwanda, conflit des Trois-Nations à Toronto…).
La thérapie narrative deviendra par la suite « Pratiques narratives » ou « Approches narratives » au fur et à mesure de son investissement dans de nouveaux champs d’action tels que le coaching en entreprise, le travail social, l’éducation, la thérapie individuelle et familiale et de nombreux métiers liés à l’accompagnement.